Comme
vous avez pu le remarquer, Clint est passionné
par la musique, en particulier par le Jazz et
la country. A noter deux films qui font référence,
"Bird"
et "Honky
Tonk man"..O.n voit l'importance
que cela à pour lui avec le titre de sa
première réalisation "Play
misty for me" ("Un frisson
dans la nuit") dont le titre rend hommage
au Jazzman Erroll Garner, compositeur et interprète
de "Misty" qu'il a spécialement
adapté et ré-enregistré pour
le film à la demande de Clint. C'est aussi
son amour de la musique qui le pousse en 1988
à distribuer en France et en Italie "The
last of the blue devil" documentaire
datant de 1979. "Il me semblait pourtant
que les français plus que quiconque sauraient
apprécier ce film à sa juste valeur".
Ce film de Bruce Ricker sortis discrètement
aux USA seulement, incorpore en effet des extraits
du Count Basie Septet, ou du Charlie Parker -
Dizzy Gillespie Quintet avec dans leur propre
rôle les plus grands Jazzmen, Buddy Anderson,
Big Joe Turner ou encore Ernie Williams.
Sa passion du Jazz
lui vient de sa mère, Ruth Eastwood. A
douze ans elle lui fait écouter les disques
de Fats Waller dont elle est la plus grande fan.
Il devient alors rapidement adepte de Lester Young,
Dave Brubeck et Gerry Mulligan, trois grand Jazzmen.
Puis en 1946, en assistant au concert de Lester
Young à Oakland "At the philharmonic"
avec entre autres Coleman Hawkins et Tommy Turk,
il est stupéfait par l'interprétation
d'un jeune musicien alors inconnu. Son nom?...Charlie
Parker, surnommé plus tard "Bird".
C'est une certitude, sa vie sera désormais
étroitement liée au Jazz. Il tournera
d'ailleurs quelques années plus tard, en
1988, la biographie de Charlie "Bird"
Parker avec l'aide du compositeur Lennie Niehaus.
Clint et Lennie se rencontre en 1951 à
Fort Ord pendant leur service militaire. Le premier
est responsable de la piscine, le second s'y blesse
le pied. Ils joueront ensemble dans les pianos
bar et passeront des soirées entières
à écouter ou jouer du Jazz. Leur
grande amitié donnera naissance à
pas moins de 17 collaborations, Niehaus devenant
son compositeur attitré. Ils construiront
ensemble "Bird" et sa bande son. De
plus, pour son amour du Jazz et sa contribution
à sa promotion à travers le monde,
un hommage est rendu à Eastwood au Carnégie
Hall de New York le 17 octobre 1996 (voir en bas
de page!) où tout un orchestre symphonique
reprendra les thèmes de ses films. EASTWOOD
: AFTER HOURS A NIGHT OF JAZZ, dont le programme
m'a été envoyé par une des
archivistes du Carnégie Hall, Kathleen
Sabogal, que je remercie ici.
Autre style de musique, la country. Il
aime la country depuis ses 19 ans lorsqu'il était
bûcheron dans l'Oregon. Ne captant aucune
station de radio diffusant du Jazz, il en était
réduit à écouter cette musique
qui le laissait quelque peu indifférent.
Et puis un jour, dans ne boîte de nuit,
il tombe sur l'orchestre de country de Bob Wills.
Il rendra hommage à cette musique dans
"HonkyTonk man" en 1982. Le
personnage principal, Red Stovall étant
un mélange de Hank Williams, Jimmie Rodgers
et Red Foley.
Son amour pour la musique le pousse très
tôt vers l'interprétation. Il pratique
d'abord le Fluegelhorn, ou le Bugle, cousin de
la trompette, puis il s'essaye au cornet, petite
trompe en cuivre percée avant de découvrir
le piano vers l'âge de 16 ans. Doué
pour cet instrument, il en fera même son
métier un temps durant en jouant des airs
de Fats Waller dans les bars. Pour ceux qui n'étaient
pas dans ces bars dans les années 50, on
peut voir un aperçu de son talent dans
"Haut les flingues" quand il
joue "Montage Blues" de Lennie
Niehaus avec Mike Lang et Pete Jolly. Il jouera
aussi du piano dans "Dans la ligne de
mire" et "Bird"
C'est donc tout
naturellement qu'il en vient à la composition.
Il compose ainsi plusieurs thèmes de ses
derniers films. On lui doit notamment celui d'"Impitoyable",
"Claudia's thème" en
1992, celui d'"Un monde parfait"
, "Big Fran's baby" en 1993,
et aussi la musique de "Why should i
care", le thème musical de "Jugé
coupable" interprété par
la chanteuse Diana Krall. Il compose aussi "Espacio"
de "Space Cowboys" et la musique
du film "Mystic River" en 2003, musique
qui lui vaudra d'ailleur une nomination au BFCA
(Broadcast Film Critics Association) Award du
meilleur compositeur en janvier 2004.
Clint s'essaye
aussi à la chanson, sans grand succès
mais avec une assez belle voix, douce et mielleuse.
Il enregistre en 1955 un 45 tours "Unknown
Girl of my dream" avec en face B "For
all we know". Il renouvelle l'expérience
l'année suivante avec un 30 cm pour CAMEO,
"Cowboy's favorite songs" dans
lequel il interprète "Bouquet
of roses" (Nelson/Hilliard), "Along
the Santa Fe trail" (Dubin/Coolidge/Gross),
"The last round up" (Billy
Hill), "Sierra Nevada" (Herron),
"Mexacoli rose" (Tenney/Stone),
"Searching for somewhere" (Harlington/Bramlett),
"I'll love you more" (Vernon/Bradley/Ingles),
"Tumbling Tumbleweeds" (Bob
Nolan), "Twilight on the train"
(Mitchell/Alter), "San Antonio rose"
(Bob Wills), "Don't fince me in"
(Cole Porter), et "Are you satisfied"
(Whooley/Escamellia). Après cette heureuse
expérience, il reprend les classiques Country
et enregistre "Rowdy" et "For
you, for me, for evermore" fin 63. Puis
en 1969, dans "La kermesse de l'ouest",
il chante plusieurs chansons dont deux en solo
"I talk to the tree" et"I
still see Eliza". Dans "Bronco
Billy" il chante avec Merle Haggart,
un grand de la country, et chante le générique
de "Ca va cogner" en duo avec
Ray Charles, avant de "tousser" dans
"HonkyTonk
man". Dernière excursion dans
le milieu de la chanson à ce jour, il participe
en 1990 à l'album "Heroes and
Friends" du chanteur country Randy Travis
en interprétant en duo "Smokin'
the hive".
Artiste complet, il compose, chante, et s'accompagne.
Il joue de plus un rôle important pour le
jazz contemporain puisqu'il contribue à
sa promotion à travers le monde. C'est
ce qu'il fit en 1986 en produisant via Malpaso
"Thelonious Monk : Straight no chaser",
le documentaire de Charlotte Zwerin sur le grand
Jazzman. Il a aussi produit le documentaire sur
les 40 ans du festival de Jazz de Monterey en
1998 et réalisé le documentaire
"Piano Blues", n° 7 d'un ensemble
de documentaires initié par Martin Scorcese.
S'il n'avait pas été dans le cinéma,
il aurait derrière lui une carrière
de compositeur et de musicien reconnu. Plus qu'un
cinéaste passionné de musique, Eastwood
est un musicien artiste du cinéma.